APPRENEZ ! L’ADVERSAIRE INTERVIENT PAR 1SA

Quand l’adversaire intervient par 1SA, votre camp doit considérer qu’il vient d’entendre une bonne et une mauvaise nouvelle.

• La mauvaise : à moins d’un gros fit, il ne devrait pas y avoir de possibilité de manche.
• La bonne : cette intervention, fondée uniquement sur des points d’honneurs, expose son auteur à un grand danger dès que le répondant a un jeu suffisant pour être certain que son camp est largement majoritaire. En effet, l’opportunité de pénaliser les adversaires qui seraient mal tombés va permettre d’obtenir un score beaucoup plus important que si l’adversaire s’était tu.

Nous allons successivement étudier la mise en place du processus punitif puis les autres enchères, celles qui permettent de trouver un contrat dans votre camp.

1. Punir : Quand ? Comment ?

Pour bien comprendre ce genre de situations, jetez un coup d’œil à la donne suivante :

La séquence, tous vulnérables :

O	N	E	S
			1♣
1SA	?

L’intervention d’Ouest est indiscutable et permettrait de déclarer une bonne manche si Est possédait 9 points d’honneurs. Malheureusement pour lui, c’est tout le contraire qui se passe ici. L’essentiel des forces résiduelles est concentré dans la main de Nord et celui-ci doit en profiter pour obtenir une juste pénalité. Comment ? En contrant 1SA : ce contre n’est pas un Spoutnik mais indique une volonté de punir en raison d’une force suffisante.

Dans l’exemple ci-dessus, une fois que Nord contre, le camp Est-Ouest ne peut éviter de concéder 800 points si Ouest passe et “seulement” 500 points si Ouest décide de tenter sa “chance” au contrat de 2 Carreaux, qui sera dûment contré lui aussi.

La main de Nord possède tous les ingrédients pour un contre de pénalité :

• 10 points d’honneurs, ce qui est un peu mieux que le minimum de 9 points requis.
• Un jeu régulier permettant de neutraliser toute couleur longue éventuellement détenue par l’intervenant.
• Une bonne entame à la fois offensive et défensive.

Après ce contre punitif, il arrivera souvent que l’adversaire tente d’échapper à la pénalité en essayant de trouver un fit. Pour parvenir à ne pas lâcher sa proie, sans pour autant s’obliger à contrer des adversaires qui seraient en sécurité distributionnelle, il faut se référer à ce principe logique :

Quatre belles cartes à Trèfle. L’étau se resserre.

Mais :

La teneur à Trèfle est insuffisante, il faut passer. Ce passe est forcing puisque le contre a déjà garanti 9 points H. Si Est ne détient pas au moins trois Trèfles, il ne contrera pas et votre camp pourra alors découvrir un contrat alternatif.

Remarque
Les passe des deux joueurs après le contre de 1SA sont forcing. On ne laisse pas les adversaires jouer un contrat inférieur au palier de 2 Piques.

2. Les autres enchères du répondant

Le répondant peut se manifester autrement lorsqu’il détient une main soit trop faible, soit trop excentrée pour se permettre un contre punitif. Il y a trois cas principaux qui justifient une telle action :

a) Avec un bicolore majeur après une ouverture mineure
Considérons la main suivante :

Le moindre fit dans l’une des majeures autorise votre camp à atteindre au moins le palier de 2 dans cette majeure. Malheureusement, vous ne disposez pas d’un contre Spoutnik pour le découvrir. C’est une convention, le Landik (contraction de Landy et Spoutnik) qui va vous permettre de vous en sortir. L’enchère de 2♣, conventionnelle et alertée, décrit une main (a priori faible) comportant au moins neuf cartes entre les deux majeures (rarement huit). Face à ce 2♣, l’ouvreur se comporte comme face à un Landy :

• Il donne le plein de sa main s’il dispose d’un soutien de quatre cartes et d’un jeu distribué :

• Il exprime une préférence s’il détient un maigre soutien dans l’une des deux majeures :

• Il annonce conventionnellement 2♦ quand il souhaite que son partenaire nomme sa majeure la plus longue, notamment si lui-même détient autant de cartes dans les deux couleurs :

Le répondant choisit.

b) Avec un bon soutien dans la couleur d’ouverture

Le répondant peut l’exprimer un peu de la même façon qu’après un contre d’appel adverse :

• Le soutien au palier de 2 est faible et naturel.
• Les soutiens à saut sont des barrages.
• Les changements de couleur à saut sont des enchères de rencontre.
• 2SA est un cue-bid montrant un soutien fort d’au moins quatre cartes, un genre de Truscott.

c) Avec un unicolore faible
Imaginez la main suivante :

Il est logique de vouloir jouer 2 Piques bien que l’adversaire ait montré 16 points d’honneurs. Classiquement, c’est par l’enchère de 2♠ (faible et non forcing bien sûr) que ce type de mains est décrit. Dans le but de faire entamer celui qui est intervenu par 1SA et d’avoir une plus grande souplesse dans d’éventuels développements, les joueurs de compétition ont opté pour l’utilisation du Texas dans cette situation.

Cette façon de procéder peut également permettre de décrire un bicolore en reparlant sur la rectification du partenaire, voire d’exprimer un soutien au tour d’enchères suivant en ayant au passage montré une belle longue.

Ce Texas ne fait pas partie du SEF et ne sera pas introduit dans sa nouvelle version mais il s’agit d’une bonne convention que nous vous recommandons. Attention, tout de même ! Comme l’expression du fit majeur se fait naturellement et non en Texas, il faut aménager le système en conséquence. Les deux tableaux suivants vont vous aider à bien le pratiquer.