ARBITRAGE DE SITUATIONS ORIGINALES [PARTIE 7]
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Le changement le plus important du code 2017 est sans doute l’apparition de “la déclaration comparable”. Auparavant, quand par exemple vous faisiez un Texas Pique à 2♥ sur l’ouverture de 2SA, si cette enchère insuffisante n’était pas acceptée, puisqu’elle était conventionnelle, il vous fallait faire une enchère définitive, votre partenaire étant privé de parole. Plus maintenant : vous dites simplement 3♥. Mais tous les cas ne sont pas aussi simples…
Sud donneur, tous vulnérables.
O | N | E | S |
---|---|---|---|
PERCALINE | RONCHON | OUPS | ROUBLARD |
2SA | |||
passe | 2♣ |
Arbitre ! J’y vois mal, dira Ronchon, j’avais cru voir 1SA, sinon bien sûr j’aurais dit 3♣, toujours Stayman. Pas de problème, dira monsieur Courtois, l’arbitre. Dans ce cas, les deux enchères sont équivalentes (lire à ce sujet la Loi 23A). Roublard annonce 3♣ et l’arbitre s’en va.
O | N | E | S |
---|---|---|---|
PERCALINE | RONCHON | OUPS | ROUBLARD |
2SA | |||
passe | 3♣ | passe | 3♠ |
passe | 4♠ | passe | 4SA |
passe | 5♦(1) | passe | 5♥(2) |
passe | 6♠ |
(1) Blackwood cinq clés, 30-41.
(2) Question à la Dame d’atout.
Qu’importe l’entame, les atouts étant bien répartis, Roublard n’aura pas de mal à réaliser douze levées. Percaline a un doute : comment Roublard peut-il demander 6 Piques quand le Stayman de son partenaire ne garantit qu’un minimum de 4 points et sûrement pas beaucoup plus ?
À votre avis ?
RÉPONSE DE L’ARBITRE
Percaline a raison, il y a vraiment un problème. En réalité, Roublard ne connaît pas 4 points chez son partenaire mais, grâce à la déclaration erronée, au moins 8.
LE CODE
Loi 23C. Camp non fautif lésé : Si, après le remplacement par une déclaration comparable… l’arbitre estime à la fin du jeu que sans l’aide de l’infraction le résultat de la donne aurait pu être différent et que de ce fait le camp non fautif a subi un dommage, il attribuera une marque ajustée…
LE CAS D’AUJOURD’HUI
Courtois doit reconnaître les arguments de Percaline : pas question de subir un chelem qui n’aurait sûrement pas été demandé sans l’enchère insuffisante. Il corrige par 4 Piques plus deux.
C’est au tour de Roublard de protester, l’arbitre a reconnu que l’enchère était équivalente, il ne lui a pas du tout évoqué cette restriction. S’il avait su, il n’aurait pas pris le risque de demander le chelem.
Courtois reconnaît que son arbitrage manquait de rigueur, il aurait dû être plus précis. Pourtant, en application du code, il doit maintenir 4 Piques plus deux, tout en rappelant à Roublard qu’en cas de désaccord il a toujours le droit de faire appel de sa décision.
Même s’il est probable qu’une commission d’appel donnerait raison à l’arbitre, il aurait dû éviter de se trouver dans cette situation et, en arbitrant la déclaration équivalente, rappeler à l’équipe fautive qu’elle n’a pas le droit de profiter de sa propre erreur en tenant compte de l’information de la déclaration retirée.
Pas toujours facile pour les arbitres de tout préciser. Pourtant, tous les bridgeurs devraient savoir que, d’une manière générale, un camp ne peut pas profiter de ses propres irrégularités.